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Sécurisation des JO de Paris : faillite historique de la France !

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Ghorbanali Khodabandeh

Le compte à rebours est lancé avant le début des Jeux olympiques, vendredi 26 juillet. À la veille de l'ouverture des Jeux olympiques de Paris, le dispositif de sécurité qui sera déployé dans la capitale pour l'évènement est au cœur d'une polémique sur les réseaux sociaux. En cause : le déploiement des policiers étrangers dans les rues de Paris.

En effet, l’organisation des Jeux olympiques à Paris en 2024 pose d’importants défis sécuritaires que la France peine à relever seule. Face à cette réalité, le gouvernement a sollicité l’aide de plusieurs pays étrangers, parmi lesquels la Pologne, l’Italie, et de manière plus surprenante, le Qatar. Ce choix, récemment mis en lumière par l’arrivée remarquée de 4×4 blindés qataris dans les rues parisiennes, soulève de nombreuses interrogations et inquiétudes.

Selon les observateurs, le message est double, pour n’importe quel spectateur : d’abord, c’est celui d’une faillite historique de la France dans ses prérogatives régaliennes, faillite illustrée par cette impuissance totale à déployer des effectifs en nombre suffisant. Ensuite, c’est évidemment le symbole d’une occupation qui commence à dire de plus en plus son nom, une occupation claire et nette, désormais bien visible, dans un pays qui se dit héritier du général De Gaulle et de son rêve de grandeur.

Paris 2024 : des policiers étrangers en renfort pour sécuriser les Jeux olympiques

Si près de 35 000 policiers et gendarmes et 18 000 militaires français seront mobilisés pendant les JO, ceux-ci seront épaulés par un contingent d’agents étrangers.

Dans les rues de Paris, les premiers renforts étrangers sont arrivés ces derniers jours pour aider la France à assurer la sécurité pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Interrogé le lundi 15 juillet sur le déploiement des policiers étrangers, notamment sur la présence de la police qatarie ou le fait que la France ne posséderait pas assez d’effectifs, Gérald Darmanin a répondu que tout était parfaitement habituel et conforme aux plus grands événements mondiaux.

Le ministère de l'Intérieur confirme qu'un effectif de 43 policiers qatarien est arrivé à Paris, le jeudi 11 juillet. Et que 62 autres agents qatariens sont attendus pendant les Jeux. Un contingent de 105 policiers composé d'une équipe cynotechnique, des agents accompagnés de chiens renifleurs chargés de repérer de possibles explosifs. Mais aussi de policiers qui patrouilleront à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.

Le Qatar n'est pas le seul pays sollicité par la France. « On a plus de 80 pays qui nous aident, qui ont envoyé des policiers, des gendarmes des démineurs, a expliqué Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur. Ces États ont été sélectionnés pour « leur expertise et leur compétence technique », détaille le ministère.

Au total, ce sont 1 800 agents de sécurité venus de l'étranger qui seront mobilisés durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Des experts dans la lutte anti-drones, des démineurs ou encore des cavaliers. La plupart seront déployés dans les gares, aéroports et autour des 39 sites olympiques et de rencontres sportives.

Ces policiers étrangers déployés à Paris n'auront toutefois pas les mêmes pouvoirs que les agents français. N'ayant pas de prérogatives judiciaires, ils ne pourront pas mener de contrôle d'identité ou d'arrestation. Ils patrouilleront d'ailleurs systématiquement en binôme avec des forces de sécurité française.

Une humiliation pour la France !

Les véhicules blindés au camouflage gris de la police qatarie, ne passent pas inaperçus et leur présence suscite un sentiment d’inquiétude et de malaise, renforcé par les images des troupes qatariennes en uniforme impeccable, prêtes à assurer la sécurité de la capitale française.

L’arrivée des forces qatariennes en France, marque une première historique. Toutefois, cette présence est perçue par beaucoup comme un aveu de faiblesse de la part de la France, incapable de mobiliser seule les ressources nécessaires pour sécuriser un événement de cette envergure.

Certains responsables politiques de droite ont partagé ces images en faisant part de leur désapprobation. « Quelle honte ! La police du Qatar qui vient faire la loi en France pour les JO 2024 Quelle humiliation pour la France ! », déclare Florian Philippot, le président du parti Les Patriotes, sur son compte X. « Malgré sa proximité avec les Frères musulmans et le Hamas, le Qatar défilant dans Paris, épaule nos forces de l'ordre pour les JO. Bientôt la Chine ou encore la Russie ? », interroge de son côté la sénatrice LR Valérie Boyer.

Le déploiement des policiers étrangers à Paris et surtout le partenariat avec le Qatar pour les Jeux olympiques soulève des questions profondes sur la souveraineté et la capacité de la France à assurer sa propre sécurité. Il interroge également sur les choix stratégiques de Paris en matière de politique étrangère et de coopération internationale. Selon ses détracteurs, en faisant appel à des pays étrangers, le gouvernement français prend un risque considérable, tant sur le plan de la sécurité que sur celui de l’image et de la confiance publique.

Sécurisation des Jeux olympiques : la France n’est pas à la hauteur

À la veille des Jeux olympiques de Paris 2024, la sécurité, notamment lors de la cérémonie d'ouverture, est au cœur des préoccupations du comité d'organisation et de l'État.

Entre la cérémonie d'ouverture hors-norme, le manque d'agents de sécurité privée, les menaces terroristes ou de cyber-attaques, l'énorme défi sécuritaire des JO de Paris fait douter certains de la capacité à sécuriser l'évènement de façon optimale, même si la France bénéficie du soutien des policiers étrangers déployés dans la capitale.

La France est-t-elle prête pour ces JO? C'est la question qui hante à l’approche du coup d'envoi des JO-2024 nombre de responsables des forces de l'ordre à qui incombe la responsabilité d'assurer la sécurité de cet évènement planétaire pour lequel près de 15 millions de spectateurs et 15.000 athlètes sont attendus.

Les Jeux olympiques de Paris (26 juillet au 11 août 2024) sont face à un défi sécuritaire sans précédent. Pour la première fois de l'histoire olympique, la cérémonie d'ouverture ne se déroulera pas dans un stade, mais sur l'eau, avec la Seine comme fil rouge.

L'enjeu d'image est considérable pour la France. Encore traumatisé par le chaos à Saint-Denis en 2022, et son cortège d'agressions de supporters étrangers, le pays veut à tout prix s'éviter une nouvelle humiliation internationale.

L'alerte maximum en termes de risques d'attentat a été étudiée en haut lieu. Des drones tueurs ou une cyber-attaque du comité d'organisation, voire des hôpitaux d’Île-de-France, sont anticipés. D'ailleurs, le Parlement a adopté le projet de loi olympique où figure l'autorisation de la vidéosurveillance dite « intelligente », un projet que dénoncent les organisations de défense des droits de l’homme.

Les autorités françaises ont voulu une fête, mais des signes avant-coureurs n’ont guère rassuré la population à quelques jours de l’ouverture des jeux. Selon un sondage Odoxa publié le 16 juillet, 68% des personnes interrogées se sont déclarées inquiètes pour la sécurité dans les lieux touristiques.

Plusieurs drames ont eu lieu ces derniers jours dans la capitale, notamment une attaque au couteau contre un policier français sur les Champs-Élysées le 18 juillet au soir, ayant conduit les agents à neutraliser l’assaillant d’une balle dans l’abdomen.

Rêve de grandeur : Macron et la trahison de l’héritage du général De Gaulle

Depuis l’arrivée au pouvoir de Macron, plusieurs journalistes n’ont cessé de le comparer à la figure emblématique qu’est Charles De Gaulle, en raison notamment de sa posture lors de cérémonies officielles, sa mimique ou ses comportements «jupitériens ».

Depuis son premier mandat, Emmanuel Macron n’a cessé de multiplier des hommages au Général, de revendiquer son héritage et de s’identifier à lui. Il n’est pas le seul : à chaque élection – nous venons d’en faire l’expérience – les candidats rivalisent de références zélées au grand homme.

Si, en 2018, la victoire de la France en Coupe du monde de football a pu avoir un effet – fugitif – sur le moral des Français, elle n’a guère amélioré l’image d’un Emmanuel Macron abîmé par une séquence négative sur le plan social et économique.

Depuis le premier jour, Emmanuel Macron s’est fixé un objectif : faire des Jeux olympiques un triomphe. Une vitrine du savoir-faire français, de sa modernité, de son universalisme.

Si en janvier, lors de ses vœux aux organisateurs des JO, le président a clairement fait référence à l’été 1998 et à la victoire des Bleus, en promettant « un été de fête et de fierté française », sa démarche rappelle surtout celle du général de Gaulle lors des Jeux de Grenoble en février 1968. Ce dernier avait tout mis en œuvre pour que cet événement envoie un message fort de grandeur et de modernité.

La plupart des présidents de la Ve République se sont inspirés des politiques de De Gaulle, tout en y mettant un peu de soi. Pour Emanuel Macron, une comparaison claire et précise de sa politique étrangère serait décevant, dans la mesure où il a échoué à mettre en place des mesures concrètes.

Ceci étant dit, les JO de Paris n’aideront probablement pas Macron à redorer son blason. Pour le député Sébastien Chenu, Emmanuel Macron fait renoncer à la grandeur de la France et représente « le président qui aura le plus abîmé notre pays ». Pour reprendre son expression,  « Macron est l'anti de Gaulle quelque part ».

Ghorbanali Khodabandeh est un journaliste et analyste politique iranien basé à Téhéran.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV.)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV